Comme annoncé, quand y en a plus, y en a encore ! Voici un petit débriefing du voyage.
J'ai décidé de comparer les 2 pays, France et Angleterre, sur 4 thèmes, et de voir qui s'en sort le mieux. Ça ne sert à rien, c'est pour ça que je le fais ... Quoi que.
Commençons par comparer ce qui m'a accaparé toute la sainte journée : la route et ce qui gravite autour. Si vous êtes déjà fatigué, arrêtez maintenant et revenez demain.
FR :
Pas mal de routes dégradées, surtout en ville, mais ça reste raisonnable.
Les pistes cyclables sont assez nombreuses, pas forcément là où je les attendais, mais ça va (quand les voitures peuvent vous dépasser à 80 km/h, une voie dédiée ne serait pas de refus, surtout avant et après un village qui en est pourvu).
Quelques chemins davantage pour VTC / VTT que pour mon vélo de route 2 fois plus lourd que d'habitude.
Petit bémol pour la sécurité à l'approche de port de Dunkerque (Loon-Plage) : rien pour les cyclistes et piétons (qui peuvent aussi prendre le bateau, bien évidemment).
À côté de tout ça, j'ai pu m'arrêter facilement et en sécurité à l'aller, et trouver facilement de quoi manger le midi. Un peu moins au retour car, en venant de Calais, j'ai traversé la campagne profonde. Pas même un pauvre abri bus pour me protéger de la pluie lors de mes pauses, je devenais fou !
GB :
Très bonne prise en compte des cyclistes dans le port de Dover.
Pour le reste, c'est plus décevant. Il n'y a qu'à voir ce que je pense des pistes cyclables dans ces pages. Au final, c'est juste que les routes à 70 mph (112 km/h) sont utilisables par tout le monde (j'ai vu quelques tracteurs), contrairement à la France.
Les chemins pour vélo sont clairement à éviter quand on n'a pas au moins un VTC.
Quant à l'état des routes, je l'ai trouvé plus dégradé qu'en France, surtout aux abords des trottoirs et des intersections.
En ce qui concerne les arrêts, vu que j'ai suivi un itinéraire traversant pas mal de villes, je n'ai eu aucune difficulté de ce côté. Même sur les "A roads", il y a régulièrement des stations service, un restaurant ou un magasin.
Résultat :
1 point pour la France.
FR - GB : 1 - 0
Ah, entre la chaleur des gens du Nord et la classe Britannique, mon cœur balance. Moins que mon majeur certains jours :-)
FR :
Un coup de klaxon, au retour, d'un abruti en camion, que je n'ai absolument pas gêné, qui m'a doublé en ayant bien assez de place, mais qui a certainement voulu me surprendre en klaxonnant juste à côté de moi. Bravo, belle mentalité, ça a fonctionné, je l'ai maudit sur 69 générations.
Globalement, par chez moi, les automobilistes laissent passer les cyclistes sur les passages piétons, et font un écart pour doubler. Bon, il y a bien quelques fondus de la cafetière qui s'en foutent. Il faut savoir que frôler un cycliste le met en danger, ne serait-ce qu'à cause du vent, mais aussi l'automobiliste et les autres derrière. Et si vraiment vous vous en foutez comme de l'an 40, frôler un cycliste expose votre voiture à des coups et rayures, indépendamment de la volonté du cycliste. Oui, c'est du vécu, une vieille dame qui m'a fait une queue de poisson un jour en revenant du boulot, j'ai failli me planter dans le trottoir et mon guidon a rayé sa portière sur 10 cm.
L'accueil des hôtes était cool, rien à redire, j'en touche déjà un mot dans l'article précédent.
Sinon, les commerçants et restaurateurs rencontrés étaient sympas aussi, mais les mauvaises langues diront que c'est leur métier d'être gentils.
GB :
Un coup de klaxon d'une personne certainement aussi pressée qu'intelligente, dans un rond-point que j'avais pris bien comme il faut, sans gêner personne. J'ai peut-être tué quelqu'un en faisant perdre 1 seconde à ce conducteur. Je ne le saurai jamais.
Les automobilistes en Grande Bretagne n'en ont strictement rien à carrer des cyclistes, qu'on se le dise ! Même sous la pluie battante, tu peux crever la gueule ouverte avant qu'ils ne te laissent passer, sauf quand ils doivent s'arrêter 5 mètres plus loin. C'est vraiment flagrant. Je ne demande pas de me laisser passer à un feu rouge alors qu'ils ont le vert de leur côté, mais ils ne me laissaient même pas me réinsérer dans la circulation après une pause. Comme si ils allaient devoir rester derrière moi pour le restant de leur triste vie d'égocentrique et qu'ils ne sauraient pas me doubler juste après.
L'accueil des hôtes a été parfait, les rosbifs savent mieux recevoir que les cocoricos. Oui, je l'écris et je l'assume. Et il en va de même pour les gens croisés dans la rue, les commerçants et les restaurateurs (sauf l'abruti d'un pub à Sittingbourne, mais c'est à moitié de ma faute). Et vas-y que je te balance des boujours à chaque fois qu'on se voit (on se croirait dans un échange de mails !), des formules de politesse genre "take care", "have a lovely night" et d'autres. Sur ce point, les British n'ont pas la même mentalité que nous, il faut le reconnaître.
Résultat :
1 point pour chaque pays.
FR - GB : 2 - 1
Attention, sujet très subjectif, forcément.
FR :
Je vis dans une belle région, et j'ai réussi à y découvrir de nouvelles choses. La côte y est jolie, et Loon-Plage est une ville charmante. D'ailleurs, elle a beaucoup grandi, à la fin du siècle dernier, le port et les gros groupes industriels y étant pour beaucoup. En atteste ce graphique sur son évolution démographique :
Je n'ai pas beaucoup parcouru la côte Française lors de ce voyage, mais la connaissant depuis que je suis gamin, je peux vous dire qu'elle vaut le coup d'œil.
L'architecture est ce qu'elle est dans notre région, on aime ou ou n'aime pas, et j'y ai toujours vécu alors je ne saurai pas être objectif. Mais si j'ai pris des bâtiments en photo, c'est que j'ai apprécié :-)
GB :
Le Kent est une très belle région, avec ses falaises, ses plages de sable ou de cailloux, ses villes au style typique et sa campagne très boisée. Petit plus pour le Royaume-Uni pour le coup, et je ne dis pas ça comme un simple touriste ébahi devant le moindre truc inhabituel, car ce n'est pas la 1e fois que je visite cette région.
Ce voyage à vélo m'a permis de voir des endroits et des bâtiments magnifiques et surtout, de prendre le temps de les admirer. Avec du recul, j'aurais pu prendre plus de temps encore, surtout lors de mes pauses du midi. Mais pour cela, il aurait fallu attacher mon vélo, retirer puis remettre les sacoches à chaque fois, ce qui prenait pas mal de temps. On ne peut pas tout voir non plus, surtout quand on visite plusieurs villes.
Résultat :
1 point pour le Royaume-Uni.
FR - GB : 2 - 2
Ah, la bouffe !!! Une semaine à vélo, ça creuse. Pour les repas du midi, c'était de l'industriel principalement, mais orientés énergie : féculents, légumes, protéines, fruit et jus. Pour le soir, c'était davantage cuisiné (courses ou restaurant) et parfois un peu plaisir ;-)
FR :
J'ai mangé un peu de tout, du sandwich industriel vendu en magasin au poulet basquaise en brasserie, en passant par la salade maison (très bonne d'ailleurs) de l'ami Béthunois. C'est facile de manger équilibré en France, mais aussi de manger n'importe quoi.
GB :
Les Anglais mangent plus gras que nous. Que ce soit dans les sandwiches, ou au McDo, c'est très souvent poulet et bacon, par exemple. Le petit déj Anglais, je devais l'essayer au moins une fois dans ma vie, mais je me vois mal manger autant tous les matins, même si je me suis régalé.
Ils savent très bien cuisiner le poisson, le "fish pie" est à goûter, ce n'est pas une explosion de saveurs mais au contraire, c'est fin et c'est probablement ce qui fait que ce plat est si bon. J'ai évité le traditionnel "fish and chips", ce n'est que du poisson pané frit et des frites, tout le monde en fait un fromage alors que c'est un repas de cantine du pauvre quoi. Mention spéciale pour le bon gros hamburger mangé dans un pub à Charing.
Résultat :
1 point pour chaque pays, parce que j'ai su vaincre une idée reçue sur la malbouffe Anglaise.
FR - GB : 3 - 3
Match nul donc, pas de jaloux.
Petit coup de gueule sur un mot. Oui, il en faut peu.
Un handicapé se dit "disabled" en Anglais, soit le contraire de "able" qui signifie "capable". Littéralement un handicapé serait donc un incapable ? Il ne faut pas se borner à une traduction littérale et encore moins à une interprétation aussi simple et rapide. N'empêche que pour moi travaillant dans l'informatique, "disabled" a quand même une mauvaise connotation (désactivé), ce qui n'arrange pas mon interprétation.
Je ne voudrais pas non plus faire mon effarouché en hurlant au scandale, mais je pense qu'il y a d'autres mots utilisables. D'ailleurs, Moogle propose "handicapped", ça sonne très cocorico, mais pourquoi pas ?
J'en fais une brève allusion dans l'article sur le matériel, j'ai des problèmes de dos, un pincement des vertèbres lombaires doublé d'une sacralisation. J'ai même une reconnaissance travailleur handicapé et un siège de bureau adapté. Tout ça pour dire que le "disabled" que je suis est bien "able" de faire plus de 400 km avec un vélo bien chargé, sans l'aide de personne et sans assistance électrique (vaste sujet aussi que les vélos électriques !).
Bref, je n'ai pas fait ce voyage pour prouver que j'en étais capable, et mon coup de gueule s'arrête ici. Je retourne faire ma prude plus loin :-D
J'ai amélioré mon anglais en 3 jours et demi, mais il faut avouer que revenir en France a signifié moins réfléchir avant de parler, et moins se concentrer pour comprendre ce que les gens me disent. Ça peut sembler idiot, mais répondre oui aux agents du port quand ils m'ont demandé si je comprenais le Français, pouvoir demander un Château la Pompe pendant le repas, payer en euros sans frais bancaires, ou insulter les gens dans la langue de Molière, ça vaut tous les grands voyages :-)
Je regrette juste une chose : avoir dit "je préfère la pluie Française" à la sortie du bateau, car elle était fine et peu abondante, par rapport aux jours précédents sur l'île royale. J'ai eu le temps de regretter toute l'après-midi.
Voyager seul, et surtout être seul une grande partie de la journée, c'est aussi voyager dans ses pensées. Et plus on s'y perd, plus on se retrouve.
Wikipédia pour l'histogramme sur Loon-Plage.